Montréal devient tropicale, c’est surréaliste. La nuit, il pleut comme vache qui pisse, le jour, la ville est une fournaise à ciel ouvert. Depuis dix jours, des température extrêmes s’abattent sur la Belle Province et, selon les météorologues, la prochaine semaine promet un pic de chaleur record. Qu’à cela ne tienne, Nicky a chaussé ses espadrilles et le voilà qu’il zigzague entre les cônes plantés le long de l’Avenue du Parc dont la circulation est perturbée par des travaux majeurs. Écouteurs sur les oreilles, il repasse sa chanson À fond dans la défonce! encore fraîche dans sa cervelle (qui, elle, est loin de l’être).
Il a la mine grise, le monde s’épuise, le monde s’échine. Un vrai bourreau de travail, une machine… À fond dans la défonce! À donner trop d’efforts, le monde s’enfonce. Le monde sent fort. À donner trop d’effort, le monde s’endort.
Sa réunion de production improvisée s’est terminée à l’aube. Hemingway a dit quelque chose comme « Écrivez saoul, corrigez sobre. ». Tant pis pour les recommandations du vieil Ernest ; à trente-six heures du tournage d’un vidéoclip, bien que la mise en scène soit tracée depuis des semaines, que chaque plan ait été réfléchi, Nicky et Garcia, son copain scénariste et réalisateur espagnol, se sont amusés à repousser le concept. Pendant que Nicky servait le rouge, Garcia traçait des rails sur la vitre de la table de patio.
-Coca & vino tinto… En Espana, se dice Calimocho! Ha! Ha! Ha! »
Ouch! Le réveil lui a fait l’effet d’une décharge électrique. Dans son rêve, Nicky a entendu la voix de son père. Comme si c’était réel.
» T’es assez grand pour te coucher tard, t’es assez grand pour te l’ver! »
Après la routine du matin, Nicky est allé conduire ses deux garçons au camp de jour, puis sa fillette à la garderie. En revenant chez-lui, il a trouvé son cahier de notes arc-bouté au bord de la piscine dégonflée. Heureusement, l’orage n’avait rien effacé.
Sur la quatrième de couverture du carnet gondolé par la flotte, Nicky a été surpris de lire ces vers dont il n’a aucun souvenir. Pourtant, c’est bien son écriture.
A croire que son vieux le veille…
SUITE, JEUDI PROCHAIN…
3 réponses
Ça fait du bien de te lire à nouveau.
J’aime beaucoup. Bonne continuation 🙂
C’est beau avoir accès à cet univers. Merci Yann.